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Prier et servir

Publié le 30 août 2024

Après les vacances d’été, parmi les premiers exercices de la rentrée, il y a la gestion de son emploi du temps : certaines de nos activités sont incontournables, indispensables, urgentes pour soi, pour la famille, pour l’association dont on fait partie. Mais avant celles-là, il y a ce qui parait essentiel, ce qui donne sens à nos activités, ce qui les justifie, ce qui les soutient. L’essentiel en premier ! Cette année, qu’est-ce qui nous parait essentiel pour notre vie personnelle, notre vie de famille, la vie de notre Église ou de notre monde ? Je propose deux verbes : prier et servir. Ils sont à placer en premier dans l’emploi du temps.

En janvier prochain, les catholiques du monde entier vont entrer dans une grande année sainte sur le thème de l’Espérance. Le pape François nous invite à nous y préparer par la prière. « Je vous demande d’intensifier votre prière pour nous préparer à bien vivre cet événement de grâce et à faire l’expérience de la force de l’espérance de Dieu ». Et le Pape invite à redécouvrir « la grande valeur et l’absolue nécessité de la prière dans la vie personnelle, dans la vie de l’Église et dans le monde »[1]. Il nous encourage à prier avec persévérance, en soulignant comment la prière constante transforme non seulement la personne, mais aussi la communauté qui l’entoure, même là où le mal semble avoir le dessus. Que la prière soit donc pour chacune et chacun d’entre nous, la boussole qui guide, la lumière qui éclaire le chemin et la force qui le soutient. Le Christ Jésus est un priant ! Les Évangiles ne cessent de le rappeler : le Christ prie avec sa communauté à la synagogue ; il prie en famille ; il prie aussi seul avant le lever du jour. Les premières communautés chrétiennes, évoquées dans le livre des Actes des Apôtres, si diverses par ailleurs, ont un point commun : ce sont des communautés priantes ; la prière est à la place d’honneur. C’est essentiel. Ces communautés ont reçu la mission d’être « ses témoins » (Ac 1,8), les témoins du Christ Jésus, mort et ressuscité. Et comment être témoins de Quelqu’un qu’on ne fréquente pas, qu’on n’accueille pas, dont on n’écoute pas la Parole ? Alors les communautés chrétiennes étaient « assidues à la prière » (Ac 1, 14 ; Ac 2, 42).

Avec Marie, la mère de Jésus. Nous commençons l’année par un temps spirituel diocésain : le pèlerinage à Notre-Dame de Verdelais. C’est l’occasion de nous rappeler la prière de Notre-Dame : Ecce, fiat, magnificat. Ecce : « Voici la servante du Seigneur » ; c’est la réponse de la Vierge Marie à l’appel du messager divin. Me voici. Que nous demande le Seigneur pour cette année ? Notre disponibilité, non pas seulement la générosité débordante d’un instant, mais un engagement qui dure :

Ecce, me voici. saint Vincent de Paul disait : « Le démon pousse les bonnes âmes à faire beaucoup, afin que bientôt, elles ne puissent plus rien faire ». Le Seigneur demande à Notre-Dame son possible ; il se réserve l’impossible. A nous de l’en prier !

Fiat : « Qu’il me soit fait selon ta Parole ». La réponse de Marie n’est pas celle d’une résignée. Au contraire : « Que ta Parole se réalise Seigneur, j’ai hâte, que ton Règne vienne, je le désire tant ». Royaume de Paix, de justice, d’amour. Par la prière, être des hommes et femmes de désir, désir du Royaume de Dieu !

Enfin, Magnificat : c’est l’action de grâce de Notre-Dame. Une action de grâce de chaque jour, pendant toute l’année qui commence. Car la Parole du Seigneur est vraie, solide comme le Roc : « Et moi, je suis avec vous tous les jours » (Mt 28, 20).

Cette année encore, nous ferons l’expérience fondamentale de la foi : nous recevrons davantage que tout ce que nous pourrons donner. À ce sujet, je rappelle l’importance d’une prière quotidienne, celle que nos aînés appelaient l’examen de conscience, que nous appelons davantage aujourd’hui, la prière d’alliance. Elle nous rappelle la présence du Seigneur chaque jour à nos côtés. Chaque soir, « merci Seigneur », rendre grâce pour ce que j’ai reçu de Lui, dans la prière, par les frères, les rencontres. Et insister sur ces mercis. Chaque soir, « pardon de n’avoir pas répondu à l’amour du Seigneur et des frères », en nommant un point précis. Mais ne pas vivre le pardon sans avoir nommé des mercis. Et enfin, « s’il te plaît, demain, sois avec moi comme tu l’as été aujourd’hui, sois avec moi tout spécialement pour telle rencontre, telle activité de demain ». Merci, pardon, s’il te plait. La journée prend alors du relief : je ne suis pas seul dans ce monde, dans ma mission. Lui l’Esprit du Seigneur est présent dans mon quotidien. J’encourage cette prière quotidienne. Bien sûr, il y a d’autres formes de prière. L’école de prière qui peut exister dans nos paroisses, nous aidera à nous rappeler d’autres formes, d’autres expressions. Cette année, redisons au Seigneur : « Apprends-nous à prier » (Lc 11, 1).

Et puis deuxième mot, servir, en particulier servir les frères. C’est d’ailleurs un bon baromètre de notre relation au Seigneur, de la qualité de notre vie spirituelle : « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu qu’il ne voit pas » (1Jn 4, 19). Ou encore : «ce qui importe, c’est la foi agissant par la charité » (Ga 5, 6). Servir, aimer, être attentifs aux autres, dans nos familles, près de nos voisins, dans l’Église est constitutif de notre foi. Le service des frères et soeurs est l’expression de notre foi. Frédéric Ozanam, professeur d’université à la Sorbonne au XIXème siècle, et fondateur avec d’autres de la Société Saint-Vincent-de-Paul est atteint, un jour, par les reproches faits par un de ses collègues : « Vous qui vous vantez d’être catholique, que faites-vous ? Où sont les œuvres qui démontrent votre foi et qui peuvent nous la faire respecter et admettre ? » Ozanam se rappelle alors saint Vincent de Paul : « Aimons Dieu, mes frères, aimons Dieu, mais que ce soit aux dépens de nos bras, que ce soit à la sueur de nos visages ». Se mettant au service des plus misérables, Ozanam comprend que la charité doit conduire à travailler à remettre debout, à faire sortir de l’isolement, à redonner de la dignité à toute personne. Dans nos paroisses, les diaconies paroissiales ont cet objet. Dans nos paroisses, les fraternités de quartier veulent favoriser les relations entre nous, et permettre que l’amour se répande. Porter notre belle mission de service à plusieurs, nous encourage, nous soutient : « Si tu veux aller vite, vas-y seul. Si tu veux aller loin, allons-y ensemble ! » (Proverbe africain). Comment allons-nous porter le souci du service, de la fraternité, de l’amour des autres, cette année ? Il y a besoin de discerner, de choisir. Je propose quelques questions inspirées de la réflexion du Père Grieu, jésuite qui a animé notre fête de la diaconie en juin dernier :

– La première fait relire notre histoire personnelle : quels visages de personnes me reviennent, qui, à un moment où j’en avais besoin, m’ont aidé à me relever ?

– La deuxième fait référence à notre foi : qu’est-ce que je découvre de Toi mon Dieu à travers la rencontre de l’autre ?

– La troisième évoque nos engagements, familiaux, professionnels, ecclésiaux : être au service, ça change quoi pour moi ? Ça m’engage à quoi ? Quels appels j’entends à mettre mes pas dans ceux du Christ Serviteur ?

– La quatrième est relative à nos communautés chrétiennes : une Église servante, quelles images cette expression fait-elle naître en moi ? Comment puis-je aider les communautés chrétiennes que je connais, à être dans la société, davantage au service ?

Prier et servir, deux belles missions reçues du Christ Jésus, le Priant par excellence, et le Serviteur. Je Lui confie notre diocèse et notre année.

Bonne rentrée,

+Jean-Paul James

[1] Pape François, angelus du dimanche 21 janvier 2024

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